ÎLOTS DE CHALEUR

Que sont les îlots de chaleur?

Le monde se réchauffe, et le Canada connaît un réchauffement plus rapide que le reste. La modélisation climatique actuelle montre1 que les centres urbains canadiens connaîtront au moins quatre fois plus de jours à +30 °C par an et des épisodes de chaleur extrême plus longs d’ici 2051-2080.

Mais toutes les villes et tous les quartiers ne subiront pas ce réchauffement de de la même manière. La façon dont nos communautés sont aménagées et conçues peut influencer et amplifier les risques sanitaires liés aux changements climatiques. Certaines zones des centres urbains peuvent subir des températures plus élevées pendant de plus longues périodes parce qu’elles manquent d’arbres et de végétation pour les rafraîchir et sont construites avec des matériaux qui absorbent la chaleur. C’est l’effet d’îlot de chaleur urbain.

Comment cela affecte-t-il la santé?

L’Organisation mondiale de la santé a identifié les changements climatiques comme l’une des plus grandes menaces pour la santé au XXIe siècle. Certaines caractéristiques propres aux villes, comme la plus faible présence d’arbres et de plantes, les matériaux et surfaces qui retiennent la chaleur, ainsi que les bâtiments et les véhicules qui créent de la chaleur par leur consommation d’énergie, peuvent exacerber et amplifier certains effets des changements climatiques. Par conséquent, les villes sont en première ligne pour s’adapter aux changements climatiques. Par exemple, l’élévation du niveau de la mer, les chaleurs extrêmes, la diminution des précipitations et la fréquence accrue des phénomènes météorologiques extrêmes devraient être davantage ressentis par les populations urbaines.2 

La fréquence et l’intensité des vagues de chaleur ont considérablement augmentés au cours des dernières décennies,3 entraînant ainsi des répercussions négatives sur la santé.

En plus de provoquer des maladies liées à la chaleur telles que l’enflure, l’évanouissement, les éruptions cutanées et les coups de chaleur, la chaleur extrême peut également exacerber des problèmes de santé préexistants, en particulier les maladies cardiaques, les maladies rénales et les maladies pulmonaires telles que l’asthme et la MPOC.4 Pour illustrer la gravité de l’impact de la chaleur extrême, lors de la vague de chaleur d’août 2003 en France, 15 000 personnes de plus sont mortes que ce à quoi on aurait pu s’attendre sur la base des taux de mortalité.5

L’effet d’îlot de chaleur urbain amplifie les risques liés aux températures plus élevées6 en rendant les villes plus chaudes que les zones rurales pendant le jour et la nuit, ce qui limite la capacité du corps à se refroidir et à se soulager de la chaleur. Une exposition prolongée à des températures extrêmes sans avoir le temps de se rafraîchir peut entraîner des risques sanitaires graves. Par exemple, il a été estimé7 qu’une augmentation de 2 à 3 °C des températures se traduit par une augmentation de 4 à 7 % de la mortalité due à la chaleur.

Les arbres atténuent considérablement le stress lié à la chaleur, que ce soit au niveau de la rue et à l’échelle du quartier, en particulier pendant les vagues de chaleur et les pics de chaleur quotidiens. À Toronto, les quartiers ayant moins de 5 % de couvert arborescent reçoivent cinq fois plus d’appels d’ambulance liés à la chaleur que les quartiers ayant plus de 5 % de couverture. Une légère augmentation de la couverture arborée dans les quartiers dont la couverture est inférieure à 5 % pourrait réduire de 80 % les appels d’ambulance liés à la chaleur.8

Qui est concerné?

La plupart des impacts des changements climatiques vont amplifier les risques sanitaires existants au sein des populations. Le degré de sensibilité d’une population aux effets des changements climatiques dépendra de ses vulnérabilités existantes. Par exemple, les jeunes enfants, les personnes âgées et les personnes souffrant de problèmes de santé préexistants, tels que des troubles respiratoires ou cardiaques, sont physiologiquement plus sensibles9 aux effets nuisibles des vagues de chaleur.

D’autres personnes encore sont plus exposées aux effets climatiques parce qu’elles n’ont pas les ressources nécessaires pour s’en protéger ou s’en remettre. En outre, les personnes qui travaillent à l’extérieur, comme les travailleurs de la construction, les sans-abri ou les personnes occupant un logement précaire sont également plus exposées à la chaleur.

Dans les villes, les personnes à faibles revenus peuvent être plus durement touchées par les vagues de chaleur, car elles ont également tendance à vivre dans des quartiers dépourvus d’espaces verts, à ne pas avoir accès à des piscines et à habiter dans des maisons non climatisées. Les personnes qui n’ont pas accès à un logement adéquat, à la climatisation ou qui ne peuvent pas obtenir de l’eau potable quand elles en ont besoin auront plus de mal à se soulager de la chaleur extrême. L’isolement social et les problèmes de mobilité peuvent également constituer des obstacles pour les personnes qui doivent se rendre dans des lieux climatisés. Si une personne a des difficultés à comprendre les avertissements de santé publique concernant la chaleur, elle peut être davantage exposée aux effets nocifs de la chaleur extrême sur la santé.10

Références

    1. Climate Atlas of Canada. Prairie Climate Centre. https://climateatlas.ca/
    2. Hobbie SE, Grimm NB. 2020 Nature-based approaches to managing climate change impacts in cities. Trans. R. Soc. B 375: 20190124. http://dx.doi.org/10.1098/rstb.2019.0124
    3. Government of Canada. “Canada’s Changing Climate,” 2019. http://blog.healthyplan.city/wp-content/uploads/2021/06/CCCR_FULLREPORT-EN-FINAL.pdf
    4. Health Canada “Extreme Heat Events Guidelines: Technical Guide for Health Care Workers,” 2011. https://www.canada.ca/en/health-canada/services/environmental-workplace-health/reports-publications/climate-change-health/extreme-heat-events-guidelines-technical-guide-health-care-workers.html
    5. Fouillet, A., Rey, G., Laurent, F., Pavillon, G., Bellec, S., Guihenneuc-Jouyaux, C., Clavel, J., Jougla, E., & Hémon, D. (2006). Excess mortality related to the August 2003 heat wave in France. International archives of occupational and environmental health, 80(1), 16–24. https://doi.org/10.1007/s00420-006-0089-4
    6. Health Canada “Reducing Urban Heat Islands To Protect Health In Canada An Introduction For Public Health Professionals,” March 2020. https://www.canada.ca/content/dam/hc-sc/documents/services/health/publications/healthy-living/reducing-urban-heat-islands-protect-health-canada/Reducing-Urban-Heat-EN.pdf
    7. Yupeng Wang, Umberto Berardi, Hashem Akbari, Comparing the effects of urban heat island mitigation strategies for Toronto, Canada, Energy and Buildings, Volume 114, 2016, Pages 2-19, ISSN 0378-7788, https://doi.org/10.1016/j.enbuild.2015.06.046
    8. Drew A. Graham, Jennifer K. Vanos, Natasha A. Kenny, Robert D. Brown, The relationship between neighbourhood tree canopy cover and heat-related ambulance calls during extreme heat events in Toronto, Canada, Urban Forestry & Urban Greening, Volume 20, 2016, Pages 180-186, ISSN 1618-8667, https://doi.org/10.1016/j.ufug.2016.08.005
    9. Health Canada “Health Impacts of Air Pollution in Canada: Estimates of premature deaths and nonfatal outcomes,” March, 2021. https://www.canada.ca/en/health-canada/services/publications/healthy-living/2021-health-effects-indoor-air-pollution.html
    10. Prairie Climate Centre. University of Winnipeg “Heat Waves and Health: A Special Report on Climate Change in Canada,” 2019. http://blog.healthyplan.city/wp-content/uploads/2021/06/heat-health-report.pdf
Scroll to Top