Toronto adopte une approche axée sur l’équité pour les infrastructures cyclables

Kim Perrotta

Le défi

Les politiques du passé ont entraîné une prestation inéquitable des services dans certains quartiers de Toronto. Le fardeau inégal de la pandémie de COVID-19 chez certain résidents a mis en lumière les disparités économiques, raciales, sanitaires et sociales qui existent dans certains quartiers.

Mais même avant la pandémie, la ville avait reconnu que pour remédier à ces inégalités, il fallait transformer un grand nombre de ses systèmes, y compris la façon dont les projets de transport étaient planifiés et mis en œuvre. Cela s’applique aussi bien aux infrastructures cyclables qu’aux autres modes de transport.  

“Historiquement, les investissements dans les infrastructures cyclables sur rue ont été beaucoup plus importants dans le centre-ville de Toronto que dans les banlieues. Cela signifie qu’un certain nombre de quartiers à faible revenu dans les banlieues de la ville n’ont pas bénéficié d’investissements en matière d’infrastructures cyclables “, explique Katie Wittmann, chef de projet, Projets d’immobilisations et programme des Services de transport de Toronto. ” En 2019, nous avons élaboré un plan de réseau cyclable qui appliquait pour la première fois une perspective d’équité afin de donner une plus grande priorité aux quartiers mal desservis de la ville. Une approche similaire fondée sur l’équité est également appliquée à d’autres modes de transport. “

 

Le processus

La perspective d’équité appliquée au plan du réseau cyclable 2019 était fondée sur les zones d’amélioration des quartiers (NIA) qui ont été identifiées par la ville en 2014. Les 140 quartiers de Toronto ont été notés à l’aide de 15 indicateurs d’inégalité entre les quartiers, avec des statistiques liées à des questions telles que les niveaux de revenu, l’éducation, l’accessibilité piétonnière des quartiers, la participation électorale et les risques pour la santé, comme le diabète. Les résultats ont été utilisés pour classer les quartiers selon un indice d’équité des quartiers. Les quartiers qui passaient un certain seuil étaient identifiés comme des NIA qui recevraient un soutien supplémentaire de personnel et de financement pour lutter contre les inégalités. Le plan du réseau cyclable de 2019 a ajouté les NIA au processus d’établissement des priorités d’investissements futurs dans l’infrastructure cyclable.   

La mise à jour du plan du réseau cyclable 2021, qui a été approuvée par le Conseil municipal en décembre 2021, applique une approche fondée sur l’équité encore plus étendue.  Dans ce cas, le personnel a combiné une analyse de l’infrastructure cyclable par quartier avec une analyse de l’équité par quartier pour créer une carte qui combine ces deux facteurs et leur chevauchement en vue de prioriser les investissements. La mise à jour du plan du réseau cyclable 2021 présente également une série d’autres variables liées à l’équité, telles que les circuits de transport en commun achalandés et les zones nécessitant davantage de parcs et d’espaces verts. Ces facteurs sont également pris en compte dans le processus élargi d’établissement des priorités.

“Nous avons discuté de notre approche avec des groupes de pression, des universitaires et des groupes communautaires, mais nos efforts de consultation ont été limités en raison de la pandémie”, note Katie. “Les analyses et la nouvelle approche ont reçu un appui général, mais nous aimerions mener davantage de consultations sur un processus de plus grande envergure de planification des transports dans les années à venir, en plus de consultations spécifiques sur les projets qui sont déjà en branle pour chaque itinéraire cyclable.” 

Le résultat 

L’installation d’infrastructures cyclables au cours des trois dernières années a été sans précédent dans l’histoire de Toronto. De 2019 à 2021, 65 km de nouvelles pistes cyclables ont été installées et 47 km de pistes cyclables existantes ont été modernisées ou améliorées. Ces travaux ont accéléré les progrès vers l’objectif global de rendre les infrastructures cyclables accessibles (c’est-à-dire à moins de 250 à 500 mètres) à l’ensemble de la population et aux lieux de travail. Le pourcentage de la population et des lieux de travail qui ont accès à une infrastructure cyclable est passé de 62,8 % à 67,1 % au cours des trois dernières années. Cela signifie qu’aujourd’hui environ 180 000 personnes de plus vivent ou travaillent à proximité d’une piste cyclable par rapport à 2018.   

 “Nous avons également constaté des améliorations concrètes dans les quartiers mal desservis au cours des dernières années. Par exemple, de nombreuses pistes cyclables ont été installés à Thorncliffe Park et Flemingdon Park (n° 55 et n° 44 sur la carte) et près de York University et de Downsview (n° 27 et n° 26 sur la carte), et d’autres pistes dans ces quartiers et d’autres NIA sont prévus à court terme “, indique Katie. 

Le plan du réseau cyclable 2021 identifie le besoin d’augmenter le budget vélo afin d’encourager les consultations publiques, et embaucher plus de personnel pour soutenir la conception, la consultation et la livraison des infrastructures cyclables. On vise à faire passer le budget d’immobilisations de 16 millions de dollars par année à 20 millions de dollars par année.

“Nous n’avons pas augmenté le budget vélo pour atteindre nos objectifs d’équité depuis 2016; nous avons simplement réaffecté les fonds existants à ces objectifs”, a expliqué Katie. “Cependant, la pandémie a fait en sorte qu’il y a eu une demande accrue pour des infrastructures cyclables de la part des résidents et des conseillers, ce qui a entraîné une augmentation des dépenses en 2020 pour répondre à cette demande, et nous ne prévoyons pas que cette demande change à l’avenir.”

Photos gracieuseté de Kanchan Maharaj.

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